Téléphones mobiles : comment ça marche ?
Téléphones mobiles : un danger pour la santé ?
Interview d'un ingénieur radio
L'utilisation des téléphones mobiles, ainsi que l'implantation des relais radioélectriques, soulèvent parfois des interrogations voire une certaine inquiétude quant aux effets à long terme que le rayonnement serait susceptible d'avoir sur la santé. Qu'ils soient rationnels ou non, la liste est longue des effets imputés à la téléphonie mobile : tumeurs au cerveau, accélération du développement des cancers, maux de tête, …
Si l'on compte 691 millions de téléphones mobiles (toutes technologies confondues) actuellement utilisés dans le monde (dont plus de 22 millions en France), tout effet indésirable, fut-il bénin, pourrait avoir d'importantes implications en terme de santé publique. C'est pourquoi même des effets sanitaires minimes pourraient avoir de graves répercussions sur la santé publique. Il est souhaitable de ne pas réitérer les erreurs commises autrefois s'agissant de cancérogènes courants tels que la cigarette, les rayonnements ionisants et l'amiante.
Il convient donc d'étudier toutes les conséquence possibles de la téléphonie mobile, entre autres, sur la santé comme on le ferait de n'importe qu'elle invention qui prendrait une place importante dans la société.
Evolution du nombre d'abonnés GSM dans le monde
Téléphones mobiles : comment ça marche ?
De façon très simple :
Pour établir une communication entre un GSM et un autre poste (GSM ou fixe) on a besoin d'un terminal GSM, d'un émetteur GSM fixe (relais disposés en quadrillage sur toute la France) et de tout un système réseau qui est ici transparent.
A tout instant le réseau sait où est le mobile car celui-ci émet quelques signaux de façon périodique pour signaler sa présence. Lors d'une communication, le réseau par l'intermédiaire d'un relais (antennes sur les toits ou sur des pylônes) "appelle" le terminal et dès que la communication est engagée, il y a établissement d'une sorte de lien entre émetteur et récepteur qui ne doit plus être coupé.
Les ondes-électromagnétiques utilisée en GSM sont réparties entre 860MHz et 1880MHz. Bientôt l'UMTS rajoutera une bande de fréquence entre 1890 et 2170MHZ. A ces fréquences l'atténuation dans l'air est très important : la puissance du signal est divisée par 100 au bout de 1m à 900MHz.
Evidemment dans le cas du téléphone portable, l'antenne se trouve à 1cm du crâne lorsque l'on téléphone, donc celui-ci absorbe une partie de l'énergie rayonnée. Lorsqu'il n'est pas utilisé, dans une poche par exemple, l'énergie absorbée par le crâne est quasiment inexistante tout comme l'énergie rayonnée par le portable du voisin lorsqu' il téléphone.
Un téléphone mobile émet une puissance maximum de 2W, en pratique les valeurs sont comprises entre 0.1W et 0.5W. La puissance rayonnée dépend en effet de l'environnement et de la proximité du relais : si le relais est loin ou si il y a beaucoup de bâtiments autour, il y a beaucoup de perte de signal et celui ci doit augmenter sa puissance pour se faire "entendre". De plus si le mobile se déplace il arrive un moment où il doit changer de relais, il y a à ce moment une forte hausse de signaux afin de définir le nouveau lien qui va être crée entre mobile et relais.
Au niveau sécurité et santé chaque terminal
est testé en bout de chaîne de fabrication sur un critère
particulier : le SAR (Specific Absorption Rate) ou, en français,
le DAS (Débit d'Absorption Spécifique), il caractérise la
puissance absorbée par une unité de masse de tissus du corps
humain. Il est exprimé en Watt par kilogramme (W/Kg).
S'agissant des téléphones mobiles, la recommandation
européenne du 12 juillet 1999 relative à l'exposition du public
aux champ électromagnétique préconise un SAR dans la tête
inférieur à 2W/kg. Cette valeur limite est fixée à un niveau
50 fois plus faible que celui à partir duquel des effets nocifs
ont été observés. Cette valeur, ainsi que cette marge de
sécurité ont été confirmées par plusieurs organisations
internationales, comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS)
et la Commission internationale de protection contre les
rayonnements non-ionisants (ICNIRP).
Téléphones mobiles : un danger pour la santé ?
1. L'argumentaire développé dans les médias
Les articles qui accusent …
… et ceux qui défendent :
L'origine du précédent article était le très sérieux magazine Nature. Les conclusions ont été reprises comme nous venons de le voir par Libération, on peut trouver une interprétation opposée dans Le Monde du même jour :
è un exemple parmi d'autres, d'article scientifique dont les conclusions ont été utilisées par d'autres journaux dans deux directions contradictoires
A la demande du secrétariat d'Etat à la Santé et aux Handicapés, un groupe d'experts, présidé par le Docteur Zmirou, a été chargé d'analyser les données scientifiques disponibles et d'émettre des recommandations en matière de santé publique. Ce rapport a été publié le 30 janvier 2001 par la Direction générale de la santé.
Dans son rapport, le groupe d'experts estime que les téléphones mobiles génèrent des effets biologiques variés chez l'homme, mais qu'il n'est pas possible de dire aujourd'hui qu'ils représentent des menaces pour la santé.
Le groupe d'experts ne retient pas l'hypothèse d'un risque pour la santé des populations vivant à proximité des stations de base et il confirme l'importance du risque accidentel lié à l'utilisation d'un téléphone mobile lors de la conduite automobile.
Les différentes questions auxquelles répond le rapport :
Existe-t-il des risques sanitaires associés à l'utilisation des portables ?
En l'état actuel des recherches, les différentes études et recherches qui ont été menées n'ont pas apporté de preuves d'un risque pour la santé lié à l'exposition aux champs électromagnétiques des téléphones portables.
Les études démontrent-elles un lien
entre l'utilisation du portable et le cancer du cerveau ?
A ce jour aucune étude n'a démontré un lien entre l'utilisation du portable et le cancer du cerveau.
Les portables accélèrent-ils
l'évolution d'une tumeur déjà existante ?
Beaucoup d'études sont en cours pour clarifier ce point. Michael Repacholi a déclaré que les résultats de son étude, même s'ils sont significatifs, sont difficilement extrapolables directement des souris aux hommes.
Le téléphone mobile peut il chauffer
le cerveau ?
Il ne faut pas comparer le téléphone portable à un four micro-onde, qui lui est spécialement conçu pour chauffer les aliments et dont la puissance est 2500 à 8000 fois supérieure à la puissance moyenne du portable. Les études indiquent que l'utilisation d'un portable ne peut pas entraîner une augmentation de la température du cerveau de plus de 0,1° C, ce qui reste très largement inférieur aux autres causes d'échauffement (efforts physiques, fièvre,…).
Le portable provoque-t-il des
céphalées ou des migraines ?
Aucune étude ne permet de l'établir. Une des causes envisagées de la migraine, mais ce n'est pas la seule, pourrait être la modification de la barrière hémato-encéphalique (couche étanche de cellules qui sépare le sang du cerveau), qui pourrait entraîner l'apparition de migraines. Des chercheurs de l'université de Lund, en Suède, affirment que cette barrière peut être perturbée par les micro-ondes des portables, mais ces travaux n'ont pas, à ce jour, été confirmés.
Le téléphone mobile a-t-il des effets
sur la mémoire ?
Il n'est pas possible aujourd'hui de l'exclure. Des chercheurs américains (Lai et al.) ont constaté une altération de la mémoire chez des rats exposés à des micro-ondes pulsés de type radars. Alan Preece, chercheur à l'université de Bristol, a fait passer des tests psychotechniques avec et sans utilisation d'un portable. 36 volontaires se sont prêtés à ses expériences pendant quelques dizaines de minutes : l'utilisation d'un téléphone cellulaire accélérait plutôt la vitesse de réaction du cerveau et leur capacité à faire des choix semblait légèrement améliorée.
Les téléphones portables ont-ils des
effets sur le sommeil ?
Les études avançant des effets sur le sommeil ne donnent pas de résultats statistiquement concluants. En 1996 un groupe de chercheurs allemands a constaté un effet sur le sommeil, alors que des modèles de téléphones portables en émission avaient été placés à côté des dormeurs. Les sujets ont mis légèrement moins de temps à s'endormir mais la différence constatée de 2 minutes n'est pas physiologiquement significative et la durée totale du sommeil n'était pas affectée. Une étude ultérieure de la même équipe n'a pas confirmé ces résultats.
Existe-t-il d'autres effets sur la santé des individus ?
Les experts admettent l'éventualité d'effets à caractère psychosomatique, résultant de la crainte de voir sa santé altérée. Un communiqué de presse de l'OMS du 19 décembre 1997 mentionne "Est-il possible que certaines d'entre elles tombent effectivement malades à la simple pensée que l'exposition aux champs électromagnétiques puisse être nocive? "
Peut-on soupçonner des effets à long
terme sur la santé ?
L'épidémiologie n'a pas donné tous les résultats. A ce jour, les études sur l'animal sont dans l'ensemble négatives. Il convient cependant de poursuivre les recherches afin d'acquérir une certitude.
Interview d'un ingénieur radio
Pouvez commencer par vous présenter ?
" Je suis ingénieur design GSM/UMTS sur Paris Intra-muros chez un opérateur ; il s'agit plus clairement de la mise en place des réseaux GSM et UMTS : études de couvertures, création de sites, mesures sur le terrain."
Comment les téléphones mobiles peuvent ils être dangereux ?
"Lorsque l'on porte un téléphone à son oreille, les ondes émises sont en partie dirigées vers la tête, mais il faut savoir que cette énergie est très vite absorbée en périphérie, notamment par la peau et le muscle. L'exposition ne provoque qu'une absorption d'énergie négligeable. Le maximum d'élévation de température dans la tête exposée à un radiotéléphone est de l'ordre de 0,1° C. Cette augmentation reste donc plus faible que celle due à d'autres causes (exposition au soleil, effort physique, fièvre, …) "
On lit beaucoup de choses dans la presse, parfois contradictoires, quel est votre sentiment ?
" Je dirais que la meilleure solution aujourd'hui pour s'informer est de choisir ses sources. En dehors des parutions scientifiques dans tout ce que j'ai pu lire le constat est souvent le même :
- Manque de clarté des méthodes utilisées
- Termes complexes pour embrouiller le lecteur (Deux événements ont déclenchés le pathos du portable[…] Ces deux épiphénomènes s'ajoutent à une liste déjà longue reposant sur des bases parcellaires…)
- Langage démagogique (le but est de convaincre)
- Détournement d'articles scientifiques dans des journaux populaires
- Panoplies d'absurdités car les journalistes ne savent souvent pas de quoi ils parlent
- Je me rappelle de deux articles en particulier :
Le premier avertissait le lecteur que l'intensité des micro-ondes serait désormais 2 fois voir trois fois plus grande car on était passé d'une fréquence de 900MHz à 2200MHz pour l'UMTS. En fait la fréquence n'a rien à voir avec l'intensité et même pour une fréquence plus grande l'affaiblissement dans l'air est plus grand donc le risque moindre!"
Le second était titré "Alerte aux radiations des portables" : bien que le mot soit le même en anglais ("radiation"), il faut bien faire la différence entre un rayonnement (correspondant à une onde électromagnétique) et une radiation (émission de particules). Les radiofréquences sont des rayonnements non ionisants. Les radiations sont ionisantes, c'est à dire que l'énergie très élevée qu'elles possèdent est capable de provoquer la rupture des liaisons à l'intérieur des molécules et des atomes, ce qui peut avoir des conséquences sur les cellules vivantes
Mais il semble que les micro-ondes émises par mon mobile soient les mêmes que celles émises par un four à micro-onde, c'est un peu inquiétant !
" Il y a micro-ondes et micro-ondes ! Les téléphones mobiles émettent dans une gamme de fréquences proche de celle fours à micro-ondes (2450MHz), mais avec une puissance beaucoup plus faible : 1 ou 2 W à puissance maximale et 0.125 ou 0.250W en moyenne contre 600 à 1000 W en continu pour les fours. C'est cette différence de puissance qui explique qu'on peut porter liquide à ébullition dans un four à micro-ondes alors qu'il n'est pas possible d'élever la température du cerveau de plus de quelques dixièmes de degré centigrade en gardant un téléphone mobile à l'oreille."
Les kits mains libre semblait une bonne solution pour se protéger de tout risque mais certains disent qu'il ne ferait qu'empirer la situation…
" En aucun cas il ne peut y avoir amplification, le fil conduit une faible partie du signal largement inférieure au signal existant si le mobile est à côté de l'oreille. Par contre moi, je me demande : si le mobile à côté de l'oreille endommage le cerveau, à la ceinture qu'est ce qu'il pourrait bien m'endommager ? (…)
Suivez vous les nombreuses études réalisées ?
" Tout d'abord il faut être clair : une étude pour qu'elle veuille dire quelque chose doit être réalisée de façon indépendante sur un grand nombre de personnes et doit s'étendre sur plusieurs années. A ma connaissance il n'y a aujourd'hui que deux études qui satisfont ces critères :
Mais des études publiés dans des revues scientifiques montrent qu'il y a des effets biologiques non négligeable!
"Tout à fait mais on appelle effets biologiques tout changement mesurable survenant après un stimulus donné. Ces effets ne sont pas nécessairement néfastes pour la santé. Par contre, on appelle effets sur la santé ou pathologique, tout effet biologique qui dépasse les capacités de compensation de l'organisme consécutif à un stimuli important.
Par exemple si vous rentrez dans une pièce froide votre corps va brûler de l'énergie pour maintenir la température c'est un effet biologique mais si vous restez 5h dans une chambre froide, le corps ne pourra plus compenser et vous risquerez une pathologie.
Merci, au fait vous devez avoir un portable, aucune inquiétude ?
"Je possède un portable perso, un pour le boulot et je suis amené à tester d'autres terminaux… Du côté des portables je ne crains absolument rien compte tenu des connaissances actuelles. Par contre je vis et travaille en région parisienne et je m'inquiète plutôt de la pollution atmosphérique. Je suis aussi amusée de voir les journalistes s'extasier devant le nombre grandissant d'utilisateur de portables. "la moitié de la population dans certains pays" . Ceux qui utilisent les automobiles – conducteurs et passagers – sont ils moins nombreux ? Les dangers des véhicules seraient ils moins bien établis que ceux des portables ??
On peu conclure en citant un article du Figaro Economie (29 déc. 2000) : "Depuis le début des années 70 l'homo modernicus s'est inventé de nouvelles peurs aussi vives que les progrès technologiques" l'auteur continue en rappelant très justement que "les ondes sont d'autant plus dangereuses qu'elles sont invisibles" et conclue sur une question : "Il paraîtrait que c'est dangereux pour les piétons le portable au volant.."
Il semble clair aujourd'hui, qu'il n'y a rien à craindre à court terme mais rien ne prouve que dans une vingtaine d'année on ne découvrira pas des effets sanitaires.
Une personne sur deux a un mobile en France, 3 sur quatre chez les moins de 25 ans, si on leur disait qu'il peut y avoir des risques à long terme, est ce que cela les inciterait à se séparer de leur mobile, n'a t'on pas vécu la même chose avec la cigarette ?